Le 26 juin, arrivée au gîte d'Eylie perdu dans la montagne sous des trombes
d'eau. Ils ont annoncé un temps très moyen. Nous allons donc entamer ce tour du
val d'Aran à saute-frontière avec l'Espagne.
1er jour: il fait beau, nous allons vers le refuge d'Araing, une montée de
plus de 1200m et une petite descente. Nous voyons des restes de mines, notamment
Bentaillou. Il y a un rassemblement de bergers car 2 brebis ont été tuées dans
la nuit par un ours. Au col, un petit plus pour les volontaires: le pic d'Har
qui est avalé par une partie du groupe. La vue est magnifique.
2ème jour: très belle journée. Nous allons faire une étape aller-retour
avec donc un sac allégé (celui de la veille était bien lourd car nous avons
emporté 7 paires de crampons, 1 piolet et 2 cordes). Nous grimpons au sommet du
Crabère (dénivelé de 700m). Nous voyons le massif d'Aneto et la Maladeta. C'est
un sommet panoramique. Dans la descente, exercice de main courante
descendante et montante sur un névé; çà peut servir pour la suite. Avant de
rentrer au refuge, nous montons une petite colline pour voir le point de vue sur
le nord avec des sommets arrondis et au loin la plaine.
3ème jour: lever à 5h30 car la journée sera très longue. Il pleut et il
vente. Nous attendons 7h45 pour partir car la pluie a cessé et la météo est
moyenne. Il y a de la neige dans l'ascension du Portillon d'Albe et déjà des
recherches d'itinéraire. Installation par Guy d'une main courante car c'est
raide. Il grimpe en crampons et avec le piolet; un rocher sert de point
d'ancrage. J'espérais un flanc sud déneigé, mais nous allons marcher de longues
heures dans la neige avec en plus du brouillard. Il y aura besoin de toutes les
compétences. Nous utiliserons la boussole, l'altimètre, la carte, le topo et un
GPS. C'est une première pour moi, mais la carte comporte des données inconnues
(pas de coordonnées UTM, ni longitude et latitude habituels). Nous faisons de
nombreux arrêts pour confronter nos avis. De temps en temps, nous retrouvons une
indication qui nous réconforte. Et toujours de la neige heureusement un peu
molle avec des pentes modérées. Nous contournons de nombreux lacs gelés. Quand
enfin nous contournons le dernier, le lac Montoliu, c'est l'amorce de la très
longue descente vers notre gîte espagnol de Montgarri. Les passerelles ont été
emportées et au passage d'un torrent (avec aux pieds les sandalettes), cela fait
12h que nous marchons, je crois être proche de l'arrivée et au lieu de descendre
encore, j'emmène le groupe sur une autre vallée. C'est la 1ère fois que çà
m'arrive, j'étais trop sûr et n'ai même pas regardé le topo. La gaffe!
Si bien que nous arrivons au refuge après 14h de marche sans avoir vu âme
qui vive. C'est mon record. Les gardiens de tous les refuges se sont inquiétés.
Ils sont soulagés de nous voir. Ce gîte est l'ancien presbytère: une sorte de
manoir qui jouxte l'église, lieu de pèlerinage. Le repas nous remet sur
pied.
4ème jour: encore une journée difficile. Vue la fatigue de la veille, le
lever est un peu difficile. Je m'inquiète un peu des névés sur le flanc nord.
Nous partons au milieu des troupeaux de vache et atteignons le col frontalier de
la Girette par une pente sévère; 900m vite avalés. Il fait très beau.
Pique-nique à 2500m. Le début de la descente est sec. Nous arrivons dans un
grand névé qui finit sur le lac Long. Crampons et installation de main courante
pour les moins habitués. Nous marchons sur le bord du lac couvert de neige avec
quelques mini-crevasses et abordons un câble qui nous permet de franchir une
partie pentue. Un saut aérien sur le déversoir de ce lac, puis une descente à
pic câblée par endroits et nous arrivons près du lac Rond. Il est bordé par un
névé déversant qui m'inquiétait depuis ce matin, surtout que l'on a croisé un
alpiniste qui nous a dit qu'il était glacé ce matin. C'est la seule personne
rencontrée aujourd'hui. En fait, la neige a fondu en cette fin d'après-midi et
on le passe en 2 groupes sans problème. Mais l'étape n'est pas finie, il nous
reste 300m bien raides à monter pour atteindre le refuge des Estagnous. Comme
nous finissons dans la brume, le gardien ne nous a pas vus venir. Nous avons
droit à 10 mn de la fin du match France-Nigeria et avons la chance de voir le
2ème but. Cà s'arrose et c'est bien mérité après encore marché pendant 11h
aujourd'hui. La vue s'est dégagée et nous avons droit à un superbe coucher de
soleil de cette espèce de nid d'aigle. A table, pas de restes comme
d'habitude!
5éme jour: le lever est bien difficile, j'ouvre les volets pour réveiller
les derniers. Nous commençons par une petite ascension de 200m avant d'entamer
la longue descente (1500m) qui débute par un névé. Le gîte du Valier de grand
confort nous accueille et nous y faisons un repas gastronomique.
6ème jour: c'est une étape de montagnes à vaches avec 2 cols à passer. Le
1er se fait d'un trait, pique-nique au bas de celui-ci et entame du 2ème.
Malheureusement, nous sommes dans la brume et ne voyons donc pas le superbe
paysage sur la chaîne frontalière que nous devrions voir. Certains recherchent
des champignons. Pour bien finir, nous subissons un orage pour la dernière heure
et bouclons la boucle tout trempés. 1745m de montée et 1715m de descente! Mais
on est rodés. Quelques-uns souffrent tout de même d'ampoules. Voilà ce qui
arrive quand on traverse les torrents avec ses chaussures. Et bravo au petit nouveau Hubert dont c'était le premier circuit en montagne; il commence très fort.
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